Le monde grec et l’Orient de 404 à 200 avant notre ère (I)

La nouvelle question d’agrégation externe est consacrée au monde grec et à l’Orient de 404 à 200 avant notre ère. Elle inclue explicitement les cités du Pont-Euxin, et probablement aussi le Royaume du Bosphore, vu que l’accent est mis sur les royaumes. Le sud et encore davantage l’est de la mer Noire (la Colchide) sont moins connues, alors qu’elles font partie de l’Orient.

Il faut analyser les relations du monde grec avec l’Orient, conçu ici comme l’ensemble des territoires de l’empire perse achéménide.

Les bornes du programme sont efficientes aussi pour la mer Noire. La fin de la guerre du Péloponnèse a aussi des conséquences pour la mer Noire avec le retrait des garnisons athéniennes présentes en mer Noire à Nymphaion dans le royaume diu Bosphore -commandée par Gylon, le grand-père maternel de Démosthène – et à Amisos – rebaptisée Pirée – à cette période.

Les années 200 sont marquées pour les cités grecques de l’ouest et du nord-ouest de la mer Noire par des tensions plus importantes entre les cités grecques et les populations indigènes. Ainsi à Olbia et Istros, des inscriptions (le décret de Protogénès, le décret de Méniskos) témoignent à cette période de tributs versés par ces cités aux puissants rois indigènes (Scythes, ou Bastarnes) de l’hinterland et des conflits entre les deux parties. Dans le Royaume du Bosphore, l’année 200 semble marquer par la fin du règne d’Hygiainon, et l’arrivée sur le trône de Spartokos V, sans que l’histoire évènementielle de la période soit bien connue. Pour le sud de la mer Noire, la fin du IIIe s. est marquée par une extension du poids du Royaume du Pont face aux cités grecques (220, échec du siège de Sinope par Mithridate II).

Quelques pistes bibliographiques assez générales disponibles en ligne pour aborder ce programme vu depuis la mer Noire et mieux connaître l’histoire de ces territoires :

sur le nord de la mer Noire :

Aleksandr Vasil’evič Podosinov (2012) : « Le royaume du Bosphore Cimmérien aux époques grecque et romaine : Un aperçu », Études de lettres, 1-2, 87-110. https://journals.openedition.org/edl/328

La synthèse de Christel Müller, (2010) : D’Olbia à Tanaïs. Territoires et réseaux d’échanges dans la mer Noire septentrionale aux époques classique et hellénistique, Bordeaux. https://ausoniuseditions.u-bordeaux-montaigne.fr/aloha/pdfr/978-2-35613-035-8.pdf

Sur la Colchide, un article ancien

Otar D. Lordkipanidze (1983) : «  The Greco-Roman World and Ancient Georgia (Colchis and Iberia) », In: Modes de contacts et processus de transformation dans les sociétés anciennes. Actes du colloque de Cortone (24-30 mai 1981) Rome : École Française de Rome, 1983. pp. 123-144. https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1983_act_67_1_2455

Sur le Pont sud :

Claire Barat (2012) : « Relations et solidarités entre les cités grecques de la côte sud de la mer Noire (VIIe-IIIe s. av. J.-C.) », Pallas, 89  217-244. : https://journals.openedition.org/pallas/867

Sur le Pont Gauche :

En attendant une thèse à paraître prochainement sur l’histoire de cette région, il n’y a que des publications assez spécialisées. Les grandes étapes sont marquées par la domination macédonienne à partir de 340 théoriquement jusqu’au Danube, probablement jusqu’à la chaîne des Balkans avec en outre un contrôle des cités grecques du littoral. Lysimaque est le diadoque chargé de la Thrace, jusqu’à sa mort en 281 à Couroupédion. Les cités grecques sont par la suite face aux populations indigènes avec lesquelles les relations reposent sur un rapport de force assez fluctuant et impliqués dans les conflits entre Lagides et Séleucides.

un podcast sur les relations économiques de l’ouest de la mer Noire : https://www.canalacademie.com/ida12419-La-Mer-Noire-haut-lieu-commercial-dans-l-Antiquite.html

Dans la cadre des relations de la mer Noire avec l’Orient, on peut citer l’expédition de Zopyrion, stratège macédonien de Thrace qui échoua lamentablement devant Olbia, et qui aurait eu pour but de rejoindre les troupes d’Alexandre en passant par le nord de la mer Noire : Avram Alexandru, Chiriac Costel, Matei Ionel (2013) : « Balles de fronde grecques en pays Gète et ailleurs. Sur les traces de Zopyrion dans le bas Danube », Revue archéologique, 2013/2 (n° 56), p. 227-303. https://www.cairn.info/revue-archeologique-2013-2-page-227.htm

Les relations politiques, culturelles migratoires entre l’Orient et le Pont-Euxin sont notables pour l’Égypte, beaucoup plus limitées pour le reste de l’Orient.

Alexandre Avram (2007) : « L’Égypte lagide et la mer Noire : approche prosopographique », In: La Méditerranée d’une rive à l’autre : culture classique et cultures périphériques. Actes du 17ème colloque de la Villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer les 20 & 21 octobre 2006. Paris : Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, pp. 127-153. (Cahiers de la Villa Kérylos, 18) https://www.persee.fr/doc/keryl_1275-6229_2007_act_18_1_1141

Sur les relations politiques entre les cités de mer Noire et les royaumes hellénistiques : Alexandru. Avram (2003) : Antiochos II Théos, Ptolémée II Philadelphe et la mer Noire. In: Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 147ᵉ année, N. 3, 2003. pp. 1181-1213. https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_2003_num_147_3_22636

Pour le commerce, les relations sont assez étroites avec les cités d’Asie Mineure surtout pour le IIIe s. comme peuvent en témoigner les importations amphoriques.

Conovici, N. (2005) : « The Dynamics of Trade in Transport Amphoras from Sinope, Thasos and Rhodos on the Western Black Sea Coast : a Comparative Approach », in :  Stolba, V. F. et L. Hannestad, éd. (2005) : Chronologies of the Black Sea Area in the period c.400-100 BC, Aarhus.2005, 97- 118.  https://antikmuseet.au.dk/fileadmin/www.antikmuseet.au.dk/Pontosfiler/BSS_3/BSS3_05_conovici.pdf

Même si Rhodes n’a jamais fait partie de l’empire achéménide, cette étude témoigne des relations avec l’ouest de l’Asie Mineure dont les productions se retrouvent en mer Noire (Milet, Cnide).

Les monnaies circulant en mer Noire pour le grand commerce sont des monnaies de Cyzique au IVe s., jusqu’à l’arrivée des monnaies au type de Philippe II et d’Alexandre le Grand, dont certaines sont frappées au cours du IIIe s. dans les cités de l’ouest de la mer Noire.

On retrouve durablement des usages différents de la monnaie au sud de la mer Noire, marqué par la culture de l’empire perse, où l’usage de la monnaie est plus tardif que dans le monde grec Fr. de Callataÿ, (2011), « Productions et circulations monétaires dans le Pont, la Paphlagonie et la Bithynie : deux horizons différents (Ve-Ier s. av. J.-C.) », in : Nomisma. La circulation monétaire dans le monde grec antique. Actes du colloque international Athènes, 14-17 avril 2010, 455-482, https://orfeo.kbr.be/handle/internal/4810

A propos Th. Castelli

Docteur en histoire et archéologie des mondes anciens de l'Université de Paris-Nanterre
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