Dans la nécropole de Volna, fouillée depuis 2016, au sud-ouest de la péninsule de Taman, vient d’être trouvé par R. Mimohod et N. Sudarev de l’Institut archéologique de l’Académie des Sciences de Russie la tombe d’un guerrier avec le seul exemplaire de casque de type corinthien découvert au nord de la mer Noire.
Volna se trouve à une dizaine de kilomètres au sud d’Hermonassa, ville située sur la rive orientale du détroit de Kerch. La date de l’intégration de cette citée fondée vers 580-570 dans le royaume du Bosphore est difficile à déterminer. Néanmoins, il y a des couches de destruction (et de reconstrution !) importantes au cours du 3e quart du Ve s. C’est d’ailleurs en 438 que la dynastie des Spartokides succède à la tête du Royaume du Bosphore à la dynastie des Arkhéanaktides.
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La nécropole de Volna a permis de découvrir plus de 600 ensembles funéraires datés entre 550 et 260. Les rites et le matériel funéraire témoignent d’un peuplement indigène, qui a progressivement évolué avec un rôle plus grand des populations grecques.
Les fouilles menées en 2018 ont permis la découverte de nombreuses tombes, certaines étant clairement celles de guerriers, parfois accompagné dans la mort par leur cheval. Le mobilier funéraire est assez traditionnel : céramique de luxe, amphores avec parfois des graffiti.
Le casque de type corinthien a été découvert dans une tombe à côté de deux corps humains, un squelette de cheval et du matériel céramique, notamment deux amphores (Ainos et Chios).
Les amphores sont datables d’après les découvreurs du 3e quart du Ve s. Si les amphores de Chios sont courantes dans la région, celles d’Ainos sont plus rares. L’inhumation avec un cheval se retrouve aussi bien en contexte barbare qu’en contexte grec. Il n’y a pas de trace de bride. Les corps humains sont enterrés avec la tête vers l’est. Un des deux corps humains a été retrouvé sans tête. L’hypothèse des archéologues est que lors de l’effondrement partiel de la tombe, un bloc soit tombé sur le crâne, le réduisant en fragments, qui se décomposent plus rapidement. On ne peut cependant totalement exclure que la tête n’aient pas été enterré avec le corps. Je rappellerai un passage d’Hérodote (IV, 65), qui mentionne la coutume scythe de conserver la tête de leur plus grands ennemis afin de s’en servir comme coupe. Un tamisage du fond de la tombe permettra d’identifier d’éventuels restes du crâne, notamment des dents.
Le casque en bronze est du type corinthien, plus précisément du groupe Hermione, et est daté par les archéologues du premier quart du Ve s. Un tel décalage avec le reste de l’inventaire funéraire n’est pas surprenant, puisque le casque est un bien plus durable qui peut se transmettre de génération en génération, surtout s’il s’agit d’un casque d’apparat. C’est le premier casque de ce type conservé intégralement sur le littoral nord de la mer Noire. Cependant quelques casques retrouvés dans la région ont été des modifications de ce type, notamment en supprimant la partie inférieure du casque.
N. Sudarev identifie l’inhumation comme grecque d’après le rite. La publication des graffiti retrouvés dans la tombe permettra d’ajouter différents éléments d’identification de ce personnage important dont la mort est peut-être liée au conflit qui amena à la destruction d’une partie d’Hermonassa durant le 3e quart du Ve s.
Une source en russe :