Famille et société dans le monde grec et en Italie du Ve siècle av. J.-C. au IIe siècle av. J.-C. 1

La nouvelle question d’histoire ancienne « Famille et société dans le monde grec et en Italie du Ve siècle av. J.-C. au IIe siècle av. J.-C. » pour l’agrégation d’Histoire et le CAPES d’Histoire-Géographie 2018 concerne un sujet qui est rarement traité en tant que tel pour les régions du Pont-Euxin. Néanmoins des éléments concernant les différentes dimensions de la famille sont abordés dans des études plus générales.

Cette série de post se propose d’être un recueil d’exemples, plus qu’une analyse des questions familiales autour du Pont-Euxin.

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Une des particularités de cet espace est la relation des populations grecques avec des populations locales (Scythes, Gètes Thraces) auxquelles les Grecs attribuent des conceptions différentes de la famille. On peut le voir à travers la construction de la figure de l’Amazone, inversion de l’image de la femme grecque (Hérodote, IV, 110-118), et différentes informations sur les familles thraces comme la vente des filles, la polygamie (Hérodote, V, 4-6). La réalité de ces pratiques est mise en question par  exemple par François Hartog dans Le miroir d’Hérodote.

Malgré ces pratiques différentes, il y a des mariages mixtes qui peuvent être utilisés dans des stratégies de conquêtes du pouvoir. Ainsi le roi scythe Skylès est-il le fils d’une grecque d’Istros et il bénéficie à Olbia d’une place parmi les élites (Hérodote IV, 78-79). Le mariage de Philippe II de Macédoine avec une princesse gète répond aussi à une stratégie politique (Ath. 13,557d ; Jord., Get., 10.65.) de contrôle de sa frontière septentrionale. On peut voir dans le mobilier funéraire de la tombe attribuée à Phillippe II à Vergina en Macédoine des éléments qui pourraient témoigner du maintien de l’identité gète de son épouse.

On trouve d’autres logiques bien plus prosaïques à l’oeuvre dans les mariages mixtes des Grecs ordinaires. Les archéologues qui ont fouillé la nécropole de Panskoye au nord-ouest de la Crimée ont tenté de mettre en évidence d’après les rites funéraires l’existence de mariage mixte, sans que ce soit forcément convainquant dans leur ouvrage Stolba, V. F. et E. Ya. Rogov : Panskoye I. Vol. 2. The Necropolis,  Aarhus: University Press, 2012. La cohabitation entre des populations indigènes et grecques a pu amener à ces unions.

Les nécropoles sont un des lieux d’observation  par excellence de la famille. Celle d’Apollonia du Pont fouillée par une équipe franco-bulgare permet d’aborder différents thèmes : la place des enfants (Trinkets for the Afterlife: Personal Ornaments from Graves of Children in the Necropolis of Apollonia Pontica), l’ancrage de la famille dans l’espace funéraire à travers l’existence de lots familiaux (Burial enclosures and spatial organization of the Classical and Early Hellenistic Necropoleis of Apollonia Pontica, Kalfata/Budjaka area) et de la continuité des dépôts funéraires (Pratiques et rituels funéraires : commentaire général), éléments qui témoignent de la continuité de la mémoire familiale.

apo nécropole

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A propos Th. Castelli

Docteur en histoire et archéologie des mondes anciens de l'Université de Paris-Nanterre
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